Përl - Luminance
Chronique
Përl Luminance (EP)
Dans le petit milieu hexagonal du Post-Metal le trio francilien est resté jusqu’à présent injustement dans l’ombre, et ne restant connu que par une poignée de fans et d’initiés. La faute à un manque de distribution et surtout à une productivité tout relative, car depuis 2013 et son premier opus « R(a)ve » celui-ci s’est fait particulièrement discret même s’il était toujours en activité. Signé depuis avec Apathia il sort enfin de son silence et revient avec certes un EP et non un album, mais vu qu’il dure plus d’une demi-heure on ne va pas faire la fine bouche, et heureusement car le contenu est là et il est même probablement le meilleur sorti depuis ses débuts.
Toujours dans son trip où l’onirisme côtoie le psychédélisme, et où des parties plus pêchues viennent se greffer de manière discrète et intelligente, le groupe a franchi ici une étape grâce notamment à une production en béton et tout en chaleur qui met parfaitement en valeur chaque instrument, avec en prime une musique plus élaborée et travaillée. « Himalaya (Deval, part. I) » confirme dès le départ cette sensation étrange et envoûtante, due notamment à son introduction longue où les doux arpèges de guitare (à la fois aériens et cotonneux) permettent de prendre délicatement la bonne voie en direction du calme et de la volupté. Ce schéma planant et apaisant sera majoritaire sur ce premier titre, même si la bande n’hésite pas à varier ses idées et à y intégrer des passages plus lourds et énervés, où cependant le tempo reste lent comme pour contenir toute velléité d’explosion, et ainsi maintenir l’auditeur en apesanteur. Si le centre de ce morceau est Metal dans l’esprit (et n’est pas sans rappeler les DEFTONES), le début et la fin sont eux beaucoup plus influencés par le rock Progressif et des relents cosmiques, ce qui permet aux tiroirs présents de s’ouvrir et de se fermer sans perdre en cohérence ni en accroche. Car comme on va le voir par la suite malgré la longue durée de chacune des cinq compos, aucune ne va souffrir de longueurs ou de redondance, en effet celles-ci bien qu’évoluant dans des univers semblables ont une personnalité qui permet ainsi de les différencier, comme avec le très beau « Ka » qui bien qu’ayant des similitudes avec ce qui a été entendu précédemment (notamment une longue introduction instrumentale et apaisante) possède sa propre touche. Entre ses deux parties diamétralement opposées entre ambiance pleine de zénitude et riffs bien lourds (là-encore visiblement inspirés par Stephen Carpenter), où se mêle le chant discret et rare d’Aline (qui surprend à la fois par ses textes comme par sa tessiture). De prime abord ce point précis peut paraître un peu à côté de la plaque et en décalage complet avec les parties instrumentales, de ce fait il demande un certain temps d’adaptation, mais une fois qu’on s’y est habitué on s’aperçoit que ses paroles poétiques et la manière de les prononcer se fondent très bien dans l’ensemble. Après cela place à « Séléné » plus accessible encore que ses prédécesseurs, et qui démarre lui aussi calmement tout en laissant la pression venir lentement mais sûrement, avant d’y aller de manière plus frontale mais jamais agressive, où là encore la guitare passe par différentes émotions, tout en poussant plus loin la variété mais sans jamais perdre en cohérence ni en accroche. Avec « L’homme à l’Eléphant Blanc » le chant va prendre plus de place grâce à la présence en invitée de l’artiste touche à tout Faustine Berardo, dont le style vocal différent de la chanteuse principale va permettre d’obtenir un rendu surprenant et à part comparé au reste. Proposant plus d’antagonisme qu’entendu jusque-là l’ensemble va commencer sur un côté légèrement jazzy, où va se greffer aussi bien de la grosse guitare énervée qu’une montée fluide et continue vers les étoiles où la basse prend plus de place encore que précédemment. Nul doute qu’il s’agit du morceau le plus ambitieux et qui demandera le plus de temps pour s’y habituer vu le grand-écart stylistique proposé, mais le résultat est lui aussi à la hauteur, il demande juste de la persévérance, tout comme « Jhomo Langma (Deval, part. II) ». Reprenant de manière presque identique en guise d’introduction le démarrage de la première partie de « Deval », il va suivre un schéma tout aussi complexe et fluide où le chant posé se mêle aux ambiances relaxantes, aux break tendres et à une fin plus énergique au rythme toujours posé et lancinant.
Avec là-encore un très bon résultat cette conclusion est à l’image de cet EP, surprenant, détonnant mais aussi fascinant, car le combo confirme son style unique et agréable qui mérite réellement qu’on prenne le temps de le pénétrer. A la fois minimaliste et élaboré, d’une grande justesse et extrêmement bien écrit il montre que ses créateurs ont pris en expérience et arrivent à mieux canaliser les différentes entités qui composent chacun d’entre eux, tout en réussissant à ne pas lasser malgré la multitude de couches de chacun des morceaux. Il faudra gratter pour bien ressentir tout ce qui compose ce « Luminance » lumineux à souhait (et à la pochette superbe signée Jeff Grimal de THE GREAT OLD ONES), mais tout aussi mystérieux et qui demandera de la patience pour bien rentrer dans son univers fourni et touche-à-tout.
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