chargement...

haut de page

My

Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Darius Marder - Sound of Metal

Chronique

Darius Marder Sound of Metal (Film)
Peut-être l’avez-vous perçu comme moi : le metal, autrefois laissé de côté, commence à se faire une place importante dans le champ culturel, des artistes venant d’autres horizons ou s’exprimant aux travers d’autres mediums que la musique se servant de lui comme un mouvement culturel permettant d’aborder différents thèmes.

Certes, même un regard rapide permettra de dire que la présence du metal au cinéma n’est pas nouvelle. This Is Spinal Tap (Rob Reiner ; 1984) ; Ace Ventura: Pet Detective (Tom Shadyac ; 1994) ; Wayne’s World (Penelope Spheeris ; 1992) ; El día de la bestia (Alex de la Iglesia ; 1995)... La liste des films abordant, de près comme de loin, le metal est plus longue qu’on peut la penser au départ. Cependant, rares sont ceux qui abordent cette scène de façon à la fois respectueuse et novatrice, comme un sujet sur lequel un film peut s’appuyer pour traiter de choses variées. Souvent présenté avec dédain ou dans une sorte d’image d’Épinal ne cherchant pas à aller plus loin, le metal trouve peu d’endroits où devenir un objet d’un discours, comme cela peut être la cas pour d’autres mouvements culturels (le punk, le rap, les mouvements hippies...).

Pourtant, certains osent se servir de cette scène pour enrichir ce dont ils veulent parler. C’est le cas de Darius Marder et son premier film Sound of Metal. Long-métrage ayant connu un succès d’estime dans de nombreux festivals, la pandémie ayant malheureusement empêché une distribution à grande échelle prévue à la base pour 2020, il prend pour point de départ une tournée menée par le groupe imaginaire Black Gammon, projet de Lou (jouée par Olivia Cooke) et Ruben (joué par Riz Ahmed). Un soir, avant de monter sur scène, Ruben est gêné par des acouphènes. Un spécialiste lui annonce alors qu’il sera bientôt sourd.

Dès le départ, Sound of Metal s’intéresse aux bruits et l’intensité d’une musique vue comme une catharsis pour ses protagonistes. Il est peu courant de voir un film traitant ainsi, avec sobriété, d’un projet présenté comme « metal » en train d’effectuer une tournée dans des bars et des petites salles de concerts. Oui, je dis bien « présenté », car la reconstitution de cette culture m’a posé quelques interrogations : loin des clichés, elle reste étrange, rappelant davantage une scène punk expérimentale que metal, extrême ou non. La présence de références au groupe straight edge Youth of Today – dont Ruben porte un hoodie tout en fumant une cigarette (*rires*) –, à l’anarcho-punk de Rudimentary Peni ou encore au punk/hardcore/heavy de G.I.S.M., nous éloigne d’une vision classique du metal, ce qui est déroutant (notons tout de même des références au magazine Decibel ici ou là). Cela reste tout de même globalement rafraichissant, tant, sans avoir l’exactitude d’un Green Room (Jeremy Saulnier ; 2015) sur la peinture d’une partie de la scène, il porte un regard bienveillant envers les gens qui la composent. Le fait qu’il soit le résultat d’un précédent projet inachevé devant compter dans ses rangs le couple Gazelle Amber Valentine et Edgar Livengood du groupe Jucifer peut expliquer en partie ce regard à la fois original et positif sur la scène.

Le plus intéressant est à chercher du côté de ce que Darius Marder prend du metal pour aborder ce qui est son sujet principal : la surdité. Sound of Metal est un film d’isolation subie suite à la perte de son ouïe, puis refusée pour possiblement finir par être assumée. Il traite, au travers de la musique nous réunissant tous, de l’acceptation de sortir d’un certain tumulte, d’une certaine violence comme moyen d’exutoire. Ruben n’y arrive pas. Il aime ce tumulte, ce chaos qui lui fait tant de bien. En cela, ce film est très triste, d’un calme qui congèle, comme un deuil qui a du mal à se dépasser. Un moment lui montrera que ce monde d’avant qu’il veut à tout prix rejoindre n’existe plus pour lui, qu’il ne peut plus en faire partie. Jusqu’à l’acceptation possible d’une beauté nouvelle, dorénavant accessible, qui se dessine.

Ainsi, au-delà de sa base « metal », il s’agit plus de relation au son ici, et plus particulièrement au silence. On suit alors Ruben – impressionnant Riz Ahmed, au jeu introverti et explosif portant à lui seul le film – dans un univers sonore changeant au fur et à mesure que se déroulent ces deux heures. Une grande part est laissée aux silences, aux bruits environnants, les petits, les grands, marquant de leurs présences ou de leurs absences, ainsi que de leurs transformations. Plus que par l’image – la réalisation est soignée mais classique, bien menée mais sans éclat –, c’est par le son que l’on est subjugué. Sound of Metal rappelle que si la vue est le sens le plus valorisé dans la société actuelle, le son peut être l’objet d’une relation particulière, qu’il peut être une béquille pour des amateurs de musique au parcours de vie cassé puis reconstruit. Une béquille qui, une fois enlevée, oblige à apprendre à marcher seul.

Le film possède tout de même des défauts, à commencer par un premier tiers bien trop long à mettre les choses en place ainsi qu’un scénario finalement assez prévisible. Heureusement, il comporte bien plus de scènes touchantes, utilisant le bruit ou les vibrations pour émouvoir, comme ce passage où Ruben se sert de ses talents de batteur sur un toboggan pour apaiser un enfant. Au final, c’est plus dans un discours que dans une peinture du metal que l’on se reconnaît dans Sound of Metal : celui d’un homme perdant ce qui était sa passion et devant se reconstruire après cette perte. Paradoxalement, et malgré un regard très intéressant sur la surdité, il m’a fait profiter avec encore plus de plaisir de mes écoutes depuis sa vision. De quoi, bénéfice collatéral, vous faire apprécier encore plus le metal.


DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

5 COMMENTAIRE(S)

lkea citer
lkea
27/03/2021 14:31
note: 7/10
Pour ceux qui se demandent : Margaret Chardiet du projet Pharmakon, qui a entraîné Olivia Cooke pour crier et jouer de la guitare ainsi que composé avec elle les parties musicales du film Sourire
northstar citer
northstar
27/03/2021 13:38
note: 6.5/10
Vu y'a quelque temps , la seule chose cool est la participation de Margaret Chardiet en début de film, sinon le reste m'a pas fait grosse impression .
lkea citer
lkea
27/03/2021 09:38
note: 7/10
tatur a écrit : Très bonne idée selon moi que cette chronique. Ça a tout a fait sa place ici.
Sur le film, il m'avait laissé un goût d'inachevé. On ne rentrais pas suffisamment dans l'Histoire du protagoniste.
A voir tout de même, il reste bien sympa.


Mon sentiment était que c'était trop prévisible mais je te rejoins, "inachevé" est un bon mot pour résumer cette impression qu'il ne va pas assez loin. Mais ça reste un bon film, à voir pour son traitement du son qui est très intéressant, un élément narratif à part entière.

Merci de ton retour sinon, j'ai quelques idées de films dont je souhaite parler et ça m'encourage à le faire !
tatur citer
tatur
27/03/2021 09:32
note: 7/10
Très bonne idée selon moi que cette chronique. Ça a tout a fait sa place ici.
Sur le film, il m'avait laissé un goût d'inachevé. On ne rentrais pas suffisamment dans l'Histoire du protagoniste.
A voir tout de même, il reste bien sympa.
lkea citer
lkea
27/03/2021 07:28
note: 7/10
Nouveau type d'article, où je - mais j'espère ne pas être le seul ici - parle de cinéma en rapport avec le metal ! N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez, si ça vous intéresse... Ce sera sans doute un à-côté peu fréquent mais je compte parler d'autres films de temps en temps Sourire

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Darius Marder
Film / Drame
2019 - Amazon Studios
notes
Chroniqueur : 7/10
Lecteurs : (2)  6.75/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Darius Marder
Darius Marder
Film / Drame - Etats-Unis
  

line up
parution
6 Septembre 2019

Dauþuz
Uranium
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
Profane Burial
My Plateau
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Carnifex
Hell Chose Me
Lire la chronique
Vesperian Sorrow
Awaken the Greylight
Lire la chronique
Desecresy
Deserted Realms
Lire la chronique
Greybush
A Never Ending Search For J...
Lire la chronique
Korpituli
Pohjola
Lire la chronique
Keys To The Astral Gates And Mystic Doors
Keys To The Astral Gates An...
Lire la chronique
Stress Angel
Punished By Nemesis
Lire la chronique
European Tour - Spring 2024
Bell Witch + Thantifaxath
Lire le live report
Kawir
Kydoimos
Lire la chronique
BELL WITCH
Lire l'interview
Subterraen
In the Aftermath of Blight
Lire la chronique
Conifère
L'impôt Du Sang
Lire la chronique
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Mutilated By Zombies
Scenes From The Afterlife
Lire la chronique
Echoplain
In Bones
Lire la chronique
Aristarchos
Martyr of Star and Fire
Lire la chronique
Ritual Death
Ritual Death
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Apparition
Fear The Apparition
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Skeletal Remains
Fragments Of The Ageless
Lire la chronique
Carnifex
The Diseased And The Poisoned
Lire la chronique
Abigor
Taphonomia Aeternitatis
Lire la chronique
David Eugene Edwards
Hyacinth
Lire la chronique
Lemming Project
Extinction
Lire la chronique
Keys To The Astral Gates And Mystic Doors
Keys To The Astral Gates An...
Lire la chronique